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nets d’indépendance et de fierté qui sont les caractéristiques de sa race. Et ma conf lance fut entière et inébranlable quand, après l’avoir bien étudiée, je vis en elle l’expression, claire jusqu’à l’évidence, de sérénité qui accompagne toujours chez les êtres jeunes une action honorable, louable. — Mais le pli moqueur de sa bouche, du reste bonne et sensuelle, tendre, m’avertissait que tous les dangers de l’aventure étaient pour moi, non pour elle…

Je n’oserais dire qu’en franchissant le seuil de la case je n’avais pas le cœur serré d’une étrange et très poignante angoisse.

L’heure du départ était venue. Je montai à cheval.

La jeune fille suivit derrière. Sa mère, un homme, deux jeunes femmes — ses tantes, disait-elle — suivirent aussi.

Nous revenions à Taravao, á neuf kilomètres de Faoné.

Après le premier kilomètre, on me dit :

Parahi téié (ici arrête-toi).

Je descendis de cheval et nous pénétrâmes tous les six dans une grande case proprement tenue, presque riche, — des richesses de la terre : de jolies nattes sur du foin.

Un ménage encore jeune et d’une extrême bonne grâce y habitait. Ma fiancée s’assit à côté de la femme et me la présenta :

— Voici ma mère.