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NOA NOA

Et des griffes grinçaient sur l’acier de la hache.
Mais le bûcheron bûcheronnait sans rien voir,
Sans rien entemlre, simple et faisant son devoir.

Soudain cessèrent les cris et, magicienne,
Une voix seule, belle en sa grâce ancienne,
Délicieusement, mélancoliquement,
Chanta ces vers sure un rythme triste et charmant :

      Je fus touché par les années
      Avant que par ta main cruelle !
      Vois : les sévères destinées
      M’ont meurtri de leurs fortes ailes.

      Vois : la fin de l’Arbre est prochaine
      Et le crime était inutile,
      Vois : c’est un mourant que ta haine,
      Enfant sacrilège, mutile.

      Vois ! la pitié du temps oublie
      Le vieux, l’unique, le suprême
      Témoin de forêts abolies :
      Ô fils de l’aube, fais de même !