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que sa mère m’a empoisonné ?… Ah ! si on le savait, sa vie serait brisée !…

— Lucien, écoute-moi, je t’en supplie. Je vais partir pour Paris, je consulterai, je demanderai… on ne se doutera pas !…

— Oui, et plus tard on t’accusera ! Et on verra peut-être un remords dans tes démarches. Non, ma sœur, tais-toi, je te l’ordonne ; je dois mourir.

Du reste, continua-t-il, il y a près de quinze jours qu’elle a commencé ! Ah ! elle n’a pas dû épargner les doses, sois-en sûre ; il est trop tard aujourd’hui !…

Et il me montra ses mains inertes, qui avaient à peine la force de tenir un objet léger, ses bras amaigris.

Jusqu’à sa dernière heure, je suis revenue à la charge, j’ai insisté et pleuré. Inflexible comme il l’était, il m’a constamment refusé, tout a été inutile, mes prières, mes larmes, mon désespoir, tout…, tout… Et je l’ai vu mourir, continua-t-elle, suffoquant enfin dans ses sanglots, je l’ai vu mourir…, et on m’a accusée de l’avoir tué, moi qui aurais donné ma vie pour lui. Ah !…

Elle se tordit les bras.

Tous les assistants étaient bouleversés : Georges n’avait pas l’air de comprendre ; M. Drieux se sentait mal à l’aise ; M. Delorme faisait entendre son sifflement ordinaire et répétait :

— C’est trop fort !…

Au milieu de l’émotion générale, Blanche se redressa.

— Vous ne vous doutez pas que tout cela n’est qu’une comédie, n’est-ce pas ? dit-elle cherchant à recouvrer son impudente assurance. Eh bien ! moi, je vous affirme que cette histoire est une fantaisie absurde, fausse, tout ce qu’il y a de plus invraisemblable.

Elle se retourna alors vers Marianne.