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consenti depuis peu de jours à voir quelques intimes pour produire sa fille et essayer de l’égayer.

M. et madame Chanteclair, qui sont du nombre des privilégiés, admirent la jeune femme et chantent ses louanges à tout venant.

Après la catastrophe de sa vie et le scandale du terrible procès de l’empoisonnement, Blanche retirée au plus profond de sa maison, aurait voulu pleurer éternellement, disait-elle, ceux qu’elle avait perdus ; mais Marguerite était là, Marguerite qui s’étiolait et dépérissait dans cette atmosphère de tristesse.

La veuve s’était alors oubliée pour faire place à la mère ; elle avait entr’ouvert sa porte et fait signe à quelques amis de venir chez elle.

Que voulez-vous, la vie a de ces impitoyables nécessités !…

— J’aime tant ma fille ! répétait-elle souvent à madame de Pieussac aujourd’hui sa meilleure amie ; ah ! il faut bien que ce soit pour elle.

Et Louise de Moussignac, attendrie, essuyait les yeux de Blanche, et s’inclinait devant ce dévouement sublime.

Mais sa grâce touchante et sa vertu au-dessus de toute épreuve ont accompli un autre miracle, affirme Étienne Delorme.

Jacques Descat et M. de Boutin, ses deux plus cruels ennemis, édifiés enfin sur son compte, ont abjuré toute prévention et sont revenus chez elle.

M. de Boutin, après avoir soigné et sauvé Jacques, l’avait, en effet, ramené chez lui à Roqueberre.

Là, aussitôt que le jeune homme avait pu sortir, peut-être pour hâter sa convalescence par quelque distraction, mais, à coup sûr, au grand ébahissement de tous ceux qui avaient connu sa misanthropie, le juge