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barbarie à côté de la culture, comme le peuple à côté de la noblesse, comme l’homme bonasse à côté de l’homme bon, et plus encore que « bon », comme le fantaisiste à côté de l’artiste, comme celui qui a besoin de consolations à côté de celui qui est consolé, comme l’exagérateur et le défiant à côté de l’équitable, comme le quinteux et le martyr de soi-même, comme l’extatique insensé, le béatement malheureux, le candide démesuré, comme l’homme prétentieux et lourd — et en tout et pour tout comme l’homme « non dompté » : ainsi l’a compris et désigné Gœthe lui-même, Gœthe l’Allemand d’exception pour qui une musique qui aille de pair avec lui n’a pas encore été trouvée ! — Que l’on considère, pour finir, s’il ne faut pas entendre ce mépris toujours croissant de la mélodie et ce dépérissement du sens mélodique chez les Allemands comme une mauvaise manière démocratique et un effet ultérieur de la Révolution. Car la mélodie affirme une joie si ouverte de tout ce qui est règle et une telle répugnance du devenir, de l’informe, de l’arbitraire qu’elle vous a un son qui vient de l’ancien régime, dans les choses européennes, et comme une séduction et un retour vers cet ancien régime.

104.

De l’intonation de la langue allemande. — On sait d’où vient la langue allemande qui est depuis


    nalités de marque. Bettina Brentano avait fait la connaissance de Beethoven l’année précédente et communiqué au poète son enthousiasme pour le musicien. Le mot « ungebändigte Persönlichkeit » se trouve dans une lettre de Gœthe à Zelter. — N. d. T.