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années, se bénissant lui-même parce qu’il est ce qui doit éternellement revenir, étant un devenir qui ne connaît point de satiété, point de dégoût, point de fatigue — : ce monde, qui est le monde tel que je le conçois, ce monde dionysien de l’éternelle création de soi-même, de l’éternelle destruction de soimême, ce monde mystérieux des voluptés doubles, mon«pardelàlebienetlemal»sansbut,sice n’est un but qui réside dans le bonheur du cercle, sans volonté, si ce n’est pas un cercle qui possède la bonne volonté de suivre sa vieille voie, toujours autour de lui-même et rien qu’autour de lui-même : ce monde, tel que je le conçois, — qui donc a l’esprit assez lucide pour le contempler sans désirer être aveugle ? Qui est assez fort pour présenter son âme à ce miroir ? Son propre miroir au miroir de Dionysos ? Sa propre solution à l’énigme de Dionysos ? Et celui qui serait capable de cela ne faudrait-il pas qu’il fît davantage encore ? Se promettre lui-même à 1’ « anneau des anneaux » ? Avec le vœux du propre retour de soi-même ? Avec l’anneau de l’éternelle bénédiction de soi-même, de l’éternelle affirmation de soi-même ? Avec la volonté de vouloir toujours et encore une fois ? De vouloir en arrière, de vouloir toutes choses qui ont jamais été ? De vouloir en avant, de vouloir toutes choses qui seront jamais ? Savez-vous maintenant ce qu’est pour moi le monde ? Et ce que je veux lorsque je veux. ee monde ?