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die n'enseigne pas la " résignation "... Pour l'artiste, représenter les choses terribles et problématiques, c'est déjà un signe qu'il possède l'instinct de puissance et de souveraineté: il ne craint pas ces choses - Il n'y a pas d'art pessimiste... L'art affirme. Job affirme. - Mais Zola ? Mais les Goncourt ? - Les choses qu'ils montrent sont laides: mais de les montrer c'est chez eux aussi le plaisir que provoque la laideur... - A quoi bon ! Vous vous trompez si vous affirmez le contraire. - Combien, à côté de cela, Dostoïevski rachète !

363.

Qu'est-ce qui est tragique ? - J'ai plusieurs fois déjà mis le doigt sur la grande méprise d'Aristote qui croyait trouver dans deux émotions déprimantes, la frayeur et la pitié, les émotions tragiques. S'il avait raison la tragédie serait un art très dangereux: il faudrait mettre en garde contre elle comme contre un péril et un scandale publics. L'art, généralement le grand stimulant de la vie, l'ivresse de vivre, la volonté de vivre, deviendrait ici, au service d'un mouvement descendant, en quelque sorte au service du pessimisme, dangereux pour la santé ( - car il est simplement faux que l'on se " purge " de ces émotions en les suscitant, comme semble le croire Aristote). Quelque chose qui éveille généralement la crainte ou la pitié, désorganise,