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façon subtile et avec beaucoup de sagacité psychologique comment, malgré tout, l'égoïsme règne partout. Conclusion chrétienne: " Tout est péché, même nos vertus. L'homme est absolument mauvais. L'action désintéressée n'est pas possible. " Péché originel. Bref, après avoir mis ses instincts en contradiction avec un monde purement imaginaire du bien, il finit par le mépris de soi, et devient incapable de se livrer à des actes " bons ".

Avec le christianisme il y a progrès dans l'affinement du regard psychologique: La Rochefoucauld et Pascal. Le christianisme a compris l'identité complète des actions humaines et leur égalité de valeur dans les grandes lignes ( - elles sont toutes immorales).

On se mit donc sérieusement à former des hommes en qui l'égoïsme serait tué: - les prêtres, les saints. Et lorsque l'on doutait de la possibilité de devenir " parfait ", on ne doutait pas de sa connaissance de ce qui est parfait.

La psychologie du saint, du prêtre de l'" homme bon " devint naturellement une pure fantasmagorie. On avait déclaré mauvais les motifs réels d'agir: il fallut donc, pour pouvoir agir encore, pour pouvoir ordonner des actions, décrire comme possibles des actions qui n'étaient pas possibles du tout, et les sanctifier en quelque sorte. Avec la même duplicité