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re sur un particulier, on ne démontre pas encore que ce n'est pas son instinct tout entier qui est en état de guerre contre l'ordre social tout entier: son acte n'est qu'un simple symptôme.

Il faut réduire l'idée de " punition " à l'idée de répression d'une révolte, mesure de sûreté contre le vaincu (captivité totale ou partielle). Mais, par la punition, il ne faut pas vouloir exprimer le mépris: un criminel est, de toute façon, un homme qui risque sa vie, son honneur, sa liberté, - un homme de courage. Il ne faut pas non plus considérer la punition comme une expiation; ou encore comme une dette; car il n'y a pas de rapport d'échange entre la punition et la faute, - la punition ne purifie pas, car le crime ne salit pas.

Il ne faut pas fermer au criminel la possibilité de faire la paix avec la société, en admettant qu'il n'appartienne pas à la race des criminels. Dans le dernier cas, il faut lui faire la guerre encore avant qu'il ait pu se livrer à des actes d'inimitié (première opération, dès qu'on l'a sous sa domination: il faut le châtrer).

Il ne faut pas faire au criminel un reproche de ses mauvaises manières, de l'état inférieur de son intelligence. Rien n'est plus coutumier que de le voir se méprendre sur lui-même (son instinct révolté est souvent la rancune du déclassé, dont il n'arrive pas à prendre conscience faute de lecture), de le voir calomnier et déshonorer son acte sous l'impression