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, à nous considérer comme taxateurs de valeurs, n’existe pas dans la religion.

8.

Rien n’est plus dangereux qu’un objet de désirs contraire à l’essence de la vie. La conclusion nihiliste (la croyance à la non-valeur) conséquence de l’évaluation morale : — nous avons perdu le goût de l’égoïsme (quand même nous aurions compris qu’il n’existe pas d’acte non égoïste) ; nous avons perdu le goût de la nécessité (quand même nous aurions reconnu l’impossibilité d’un libre arbitre et d’une " liberté intelligible "). Nous nous apercevons que nous ne pouvons atteindre la sphère où nous avons placé nos valeurs — mais, par ce fait, l’autre sphère, celle où nous vivons, n’a nullement gagné en valeur : au contraire, nous sommes fatigués, parce que nous avons perdu notre principal stimulus. " En vain, jusqu’à présent  ! "

9.

Le nihilisme radical c’est la conviction d’un absolu manque de solidité de l’existence, lorsqu’il s’agit des valeurs supérieures que l’on reconnaît ; à quoi s’ajoute la connaissance que nous n’avons pas le moindre droit de fixer un au-delà ou un " en soi " des choses.

Cette connaissance est la suite de " l’esprit véridique " qui a grandi en nous : c’est donc au