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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

des rois : ce qui aujourd’hui s’appelle peuple ne mérite pas de roi.

Regardez donc comme ces nations imitent maintenant elles-mêmes les épiciers : elles ramassent les plus petits avantages dans toutes les balayures !

Elles s’épient, elles s’imitent, — c’est ce qu’elles appellent « bon voisinage ». Ô bienheureux temps, temps lointain où un peuple se disait : C’est sur d’autres peuples que je veux être — maître ! »

Car, ô mes frères, ce qu’il y a de meilleur doit régner, ce qu’il y a de meilleur veut aussi régner ! Et où il y a une autre doctrine, ce qu’il a de meilleur — fait défaut.


22.


Si ceux-ci — avaient le pain gratuit, malheur à eux ! Après quoi crieraient-ils ? De quoi s’entretiendraient-ils si ce n’était de leur entretien ? et il faut qu’ils aient la vie dure !

Ce sont des bêtes de proie : dans leur « travail » — il y a aussi du rapt ; dans leur gain — il y a aussi de la ruse ! C’est pourquoi il faut qu’ils aient la vie dure !

Il faut donc qu’ils deviennent de meilleures bêtes de proie, plus fines et plus rusées, des bêtes plus semblables à l’homme : car l’homme est la meilleure bête de proie.

L’homme a déjà pris leurs vertus à toutes les bêtes, c’est pourquoi, de tous les animaux, l’homme a eu la vie la plus dure.