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Elle doit, par toutes sortes de marques, se gagner la confiance de ses filles ; pour cela leur témoigner une grande ouverture et une tendresse de mère : reconnaître leur humeur et étudier les manières de gagner leur cœur, n’y ayant rien de si important, dit Saint François Xavier, que les novices aient une entière ouverture pour découvrir leurs peines et leurs tentations à celle qui les conduit.

N’agir jamais par humeur ni par caprice, se défier beaucoup des sympathies et des inclinations naturelles qu’ 011 ressent pour quelques unes et des antipathies et aversions qu’on ressent pour d’autres ; elle doit s’ appliquer beaucoup à reconnaître leur esprit, s’il n’est point double et dissimulé : si elles sont d’une humeur douce et traitable, si elles ne sont pas trop faciles pour prendre les impressions, aussi bien du mal que du bien ; si elles sont d’un jugement solide qui ne s’attache point à la bagatelle, mais qui ne s’arrête point aussi avec opiniâtreté à ses pensées ; si elles ont de l’honnêteté sans affectation, de l’humilité sans bassesse ; si elles ont de l’ouverture pour l’école, de la constance dans leurs peines, de la docilité et de la soumission à ce qu’on leur dit.

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Pour bien connaître ses filles, elle doit être souvent avec elles, les pratiquer de près dans les conversations, dans les entretiens, dans les écoles ; car il est difficile de se cacher longtemps et de faire violence à sa nature et à son esprit pour qu’il n’échappe ; elle ne doit pourtant pas juger pour une ou deux échappées qui leur seraient arrivées ; cela servira pourtant pour lui faire connaître leur (p. 61) humeur et leur donner des avertissements nécessaires ; elle ne doit jamais donner des marques d’une amitié singulière à aucune ni lui témoigner plus d’ouverture.

Quoiqu’elle doive faire attention aux qualités de l’esprit et aux talents naturels, elle doit encore plus faire de cas de la vertu ; elle doit pourtant préférer la vertu jointe à un bon esprit : car la piété d’un esprit bas et petit n’est pas d’ordinaire de longue durée. Elle exercera les novices dans la pratique de toutes les vertus, surtout dans celles de la profession qu’elles veulent embrasser, leur inspirant beaucoup l’esprit intérieur, la mort à leur jugement, l’amour de la sainte pauvreté, le mépris du monde ; une souveraine estime de la pureté, une obéissance aveugle à leurs Supérieurs etc. Elle leur fera pratiquer ces vertus dans les occasions.

Elle doit leur enseigner la manière de bien faire l’oraison, leur en inspirant du goût, leur en apprendre la méthode et se faire rendre compte de temps en temps comment elles s’y comportent.