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Tâchez de découvrir les mœurs des enfants que vous instruisez, à dessein de les former de bonne heure dans les maximes du christianisme […] [AM 1, 4 ; 3, 5 Maxime n. 41.]

L’enseignement de Roland sur la prière est classique. [AM 1, 2 ; LD 19 ; 23 ; 36 ; AM 2, 5.] Il insiste sur l’importance de l’oraison dans toute vie spirituelle. [AM 1, 2] Elle est la condition du succès de l’apostolat. Réciproquement, l’exercice concret de l’emploi de maîtresse d’école nourrit la prière ; il la stimule souvent et la fait jaillir comme spontanément. Certains textes de Roland contiennent l’intuition d’une prière apostolique qui naît à partir des situations. Il conseille la pratique des oraisons jaculatoires ; elles aident à se conserver en présence de Dieu ; il donne des exemples de cris vers Dieu dont la formulation reste très générale. [LD 40] Mais à une Sœur de Notre-Dame engagée dans l’apostolat, il suggère de rattacher ces prières brèves et spontanées aux préoccupations qui naissent de l’activité :
Que les oraisons jaculatoires soient votre entretien fréquent ; mais je souhaiterais que vous les formassiez… selon les occasions que vous en avez journellement. [LD 17.]

Enfin, le travail apostolique est perçu par Roland comme un lieu de croissance dans la conformité à Jésus-Christ. Il ne faut donc pas s’acquitter en mercenaire des obligations concrètes de l’emploi mais les accomplit dans la vue et l’esprit même de Jésus-Christ, puisque c’est continuer ce qu’il a fait dans sa vie conversante. [AM 1, 4.] Une dernière maxime de Roland orchestre tout ce qui vient d’être évoqué. Elle donne du travail apostolique une vision totale, mystique et concrète, théologale et ascétique ; elle souligne l’importance de l’action comme le rôle de la prière :
Ne vous épargnez pas pour le salut des âmes ; elles ne vous coûteront jamais autant qu’elles ont coûté à Jésus-Christ, et si vous ne pouvez donner du sang, donnez vos sueurs en témoignage de l’amour que vous avez pour ce divin Sauveur qui a tant souffert pour vous ; faites les affaires de Dieu avec ardeur et toujours avec une sainte confusion de vous-même, de ce qu’il daigne se servir d’un si chétif instrument pour procurer sa gloire ; munissez-vous souvent de l’esprit apostolique pour porter utilement la parole de Dieu dans les âmes, essayez de toucher les cœurs plutôt que de contenter les esprits, ayez recours à la prière et aux gémissements plutôt qu’à l’industrie. [AM 4, 2, 10. Un autre très beau texte de la même veine théologale et concrète : AM 2, 16 ; cf. AM 3, 4 Maxime n. 34.]

C’est une troisième originalité de Roland qui me séduit le plus : son enseignement s’enracine dans une expérience spirituelle forte. Écrivant cela, je ne pense pas au tableau que son biographe trace de ses vertus, [Suite de la vie de