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çois un triple point de vue. D’abord, l’enseignement de Roland est original en ce que ses écrits ont tous été rédigés à l’intention de destinataires précis : ses dirigés et les Sœurs de l’Enfant-Jésus de Reims. Il module le ton et les insistances de ses Lettres de direction, en fonction de ses correspondants : énergique, voire l’occasion tranchant et sévère ; plus souvent compatissant pour les dirigés éprouvés et surtout invitant la confiance et l’abandon de l’amour : Allez à l’amour, écrit-il un ecclésiastique en difficulté, jetez-vous dans le Sacré-Cœur de Jésus, cachez-vous dans ses amoureuses plaies. [Voir par exemple : LD 21 ; LD 25, LD 8, LD 12.] Quant à ses écrits de fondateur, s’ils traitent assez largement de sujets spirituels d’ordre général, le type particulier de vocation de ses destinataires y transparaît souvent.

Ce second point de vue me paraît devoir être souligné : l’enseignement de Roland est original parce qu’on peut y trouver bien des éléments d’une spiritualité apostolique. Je ne prétends pas élaborer une synthèse, [Sur les risques d’une synthèse, en dépit d’estimables présentations d’ensemble de la spiritualité de Roland, cf. D.S. art. cité, c. 888-889.] pas même esquisser une vue d’ensemble, mais ouvrir des pistes. Sur des thèmes essentiels, en citant simplement quelques textes suggestifs, je voudrais surtout souligner l’unité dynamique entre l’enracinement mystique de son enseignement et sa projection apostolique.

L’orientation apostolique de la Communauté est définie sobrement, mais sans nulle ambiguïté dans les Maximes : N’oubliez pas que vous êtes appelées à mener une vie apostolique. [AM 3, 4 Maxime n. 32.] Avec une tout autre ampleur, le chapitre premier du livre des Usages présente cette orientation apostolique comme une participation au mystère de Jésus-Christ, mystère d’amour de Dieu et du prochain :

Cette Communauté est un composé de filles et de sœurs unies ensemble, par un désir sincère de se consacrer au Service de Dieu et du prochain, en conformant leur vie […] à la vie et à la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ […] Comme toute la vie du Fils de Dieu, sur la terre, a été un exercice continuel d’une très pure et très ardente charité dont il était rempli, cette Communauté la regardera comme l’esprit qui doit toujours l’animer. Et parce que cette vertu unissait Notre-Seigneur très intimement à Dieu son Père, et lui donnait un parfait amour pour Lui, elle lui donnait en même temps un désir ardent du salut des âmes, et le faisait travailler infatigablement à les sauver jusqu’à donner sa vie pour elles. [Usages, chapitre premier : Des fins et de l’esprit de cette Communauté (RV 4, 1).]

Le désir ardent du salut des âmes, c’est ce que Roland appelle le zèle dont l’enracinement mystique dans la charité est mis en évidence dès le début du Petit traité des vertus les plus nécessaires aux Sœurs du Saint-Enfant Jé-