Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le soin à un autre prêtre. Il n’empêche : c’est à la maison des sœurs que se produira la rencontre entre Jean-Baptiste et Adrien Nyel par laquelle s’amorça le long cheminement qui, d’engagement en engagement, [Expression de J.B. de La Salle dans son Mémoire sur les commencements de l’Institut.] amena le chanoine de La Salle à se consacrer entièrement à l’œuvre des écoles pour les garçons pauvres, et devenir, d’abord à son corps défendant, le fondateur de la Société des Frères des Écoles chrétiennes.

Roland n’est donc ni un solitaire, ni un aérolithe. Il appartient à une constellation. Il subit des influences. Il communie au dynamisme d’une Église ardemment apostolique. Il participe à son écoute du monde. Avec elle, il détecte, dans une société stable, les premiers signes de la genèse d’un nouvel avenir pour le petit peuple. Le premier intérêt de ses écrits, c’est de nous permettre de recueillir l’écume de cet extraordinaire bouillonnement. On y retrouve aussi les lignes de force fondamentales de l’École française de spiritualité. [Cf. Raymond Deville, La spiritualité de Nicolas Roland, (Colloque 1993, cf. Bibliographie).] Le théocentrisme affleure souvent. Sans développer, Roland réfère ses dirigés la majesté et à la Providence de Dieu, à sa volonté et à ses desseins, à sa sagesse et sa miséricorde : il faut considérer… les perfections de Dieu pour nous unir à Lui. [LD 29] Roland explicite davantage un enseignement sur la présence de Dieu. [LD 38] Ce Dieu dont il souligne la Transcendance et l’absolu est aussi le Père qui s’esc approché de l’humanité en Jésus-Christ. Roland appelle ceux auxquels ils s’adresse à revenir au mystère du Verbe Incarné contemplé notamment dans les abaissements de son enfance et de sa Passion. [AM 2, 1] Orientation christocentrique orientée vers une vie spirituelle dont l’âme est d’ordre théologal. [Le Père B. Pitaud, dans La simplicité chez Nicolas Roland p. 7, montre, à propos de cette vertu que, témoin en cela de l’École française, Roland voit dans l’Esprit-Saint lui-même l’âme de la vie spirituelle : "La simplicité est une vertu divine, puisque c’est Dieu qui la donne, et que c’est une émanation de l’esprit de son fils lequel n’a dans toute sa vie eu qu’un seul but qui était la gloire du Père" (Roland, Avis aux personnes régulières, 17)] Les mystères du Christ révèlent l’amour de Dieu, ils appellent à lui donner une réponse d’amour. Roland est un chantre étonnant de l’amour. Et c’est à l’amour pour Dieu et le prochain qu’il rattache toutes les vertus qu’il détaille à plusieurs reprises. [Voir art. Roland, dans Dictionnaire de spiritualité, t. 13, c. 889-891.] C’est aussi dans cette perspective que l’on peut relire dans ses écrits les témoignages, rares mais forts, de sa foi en l’action de l’Esprit-Saint.

Ce qui me paraît constituer un second intérêt de la présente publication, c’est l’originalité de cet enseignement spirituel. Originalité que je per-