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ticulières où l’on voulait obtenir l’éloignement de fléaux, tels que la peste, la famine ou la guerre. D’autres stations étaient célébrées avec joie : telles étaient, par exemple, celles des dimanches et des fêtes, et les anniversaires des saints les plus illustres.

Les stations les plus fréquentes se tenaient dans les sept églises principales de Rome[1]. Là reposaient les corps sacrés de martyrs célèbres, et, en outre, elles étaient assez vastes pour contenir la multitude des fidèles.

Originairement, les églises stationnaires pour chaque jour n’étaient pas fixées d’une manière définitive ; on annonçait chaque fois où l’on tiendrait la station suivante. Saint Grégoire le Grand en releva la solennité, en réduisit le nombre à certains jours, les fixa régulièrement à certaines églises et les fit inscrire dans le Missel[2]. C’est de lui que vient l’ordre actuel des stations. Un petit nombre d’églises seulement reçurent leurs jours stationnaires de la part d’autres papes[3]. Depuis le séjour des souverains pontifes à Avignon (1309), ils n’y prirent plus part. Maintenant encore, le service divin est célébré avec une certaine solennité aux églises des stations ; surtout pendant le carême, les fidèles y viennent en foule pour y honorer les reliques des saints et y gagner les indulgences. La procession du jour de S. Marc (Litaniæ majores), le 25 avril, et les processions des Rogations (Litaniæ minores, Rogationes) dans les campagnes, les trois jours qui précèdent l’Ascension, ont beaucoup d’analogie avec ces solennités antiques.

Tertullien suppose comme connu de tout le monde que le mot statio a passé de la langue militaire dans la langue

  1. Ces sept églises sont : 1o S. Jean de Latran ; 2o S. Pierre au Vatican ; 3o Sainte Marie Majeure ; 4o S. Paul hors les murs ; 5o S. Laurent hors les murs ; 6o Sainte Croix de Jérusalem ; 7o S. Sébastien hors les murs. Cette dernière basilique, originairement une église de station, ne l’est plus depuis plusieurs siècles, probablement à causa de son trop grand éloignement de la ville.
  2. « Litanias, stationes et ecclesiaslicum offlcium auxît ». Breviar. Rom., 12 mart. — « Stationes per basilicas et martyrum cœmetcria ordinavit ; et sequebalur exercitus Domini Gregorium prteeuntem. Ductor cœlestis militite arma spiritualia prœferebat ». Gfr D. Guéranger, le Carême.
  3. On compte actuellement cent onze stations, réparties en quatre vingt-sept jours et quarante-quatre églises. Plusieurs stations, deux ou trois, se rencontrent parfois le même jour et se célèbrent plusieurs fois par an dans la même église. Voir Moroni, Dictionario di enidisione storico-ecclcsiastica, vol. LXIX, p. 280 et suiv.