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il fait le signe de la croix sur l’encens au moment où il se consume sur les charbons ardents. Cette formule exprime le but premier et général de l’encens : l’honneur rendu à Dieu. Ce végétal a été choisi de préférence à tout autre à cause de sa bonne odeur, et on l’emploie dans le culte divin, non pas précisément pour fournir aux hommes une sensation agréable, mais par respect pour les saints mystères. Ou encense d’abord la croix de l’autel, ou le saint Sacrement, s’il est exposé, afin d’offrir les premiers hommages à Jésus Christ dans son image ou dans la divine Eucharistie[1].

Si le saint Sacrement n’est pas exposé, on encenses, après la croix, les reliques des saints qui peuvent se trouver sur l’autel. C’est là une marque de respect pour les bienheureux, qui répandent une odeur suave comme le cinnamome et le baume parfumé et comme la myrrhe la plus pure (Eggli. xxiv, 20). On agit ainsi afin de les déterminer à intercéder pour nous auprès de Dieu. À son arrivée à l’autel, le prêtre s’est appuyé sur la médiation des saints pour obtenir la rémission de ses fautes (oramus te, Domine, per merita sanctormn tuorum) : la fumée odorante de l’encens, répandue autour de l’autel, est un symbole des mérites et des prières de ces saints ; c’est aussi comme une répétition de la prière précédente.

L’autel, consacré solennellement par l’évêque et orné des reliques des saints, est le lieu vénérable du sacrifice, Sancta sanctorum : on ne doit le contempler qu’avec un religieux effroi, on ne saurait trop le respecter. L’encensement à la messe représente et rappelle sa haute dignité. Ces nuages bénits nous avertissent que nous devons entrer dans le sanctuaire avec une intention pure, un profond respect, une tendre piété, pour y célébrer l’auguste sacrifice. Ils nous obtiennent, en outre, les grâces nécessaires pour atteindre ce but. Ils signifient en même temps que ce sacrifice monte au ciel par la vertu du Saint Esprit, et qu’il est pour nous la source des parfums spirituels de la grâce[2].

  1. « Sacerdos, dura incensum ponit in thuribulo, stare débet ; ab eodem vero SS. Eucharistise Sacramentum Ihuriflcandum est triplici ductu, sed genibus flexis et tam ante quara post incensationem profanda facta capitis inclinatione. S. R. G. » 26 mart. 1859, in una Tarnov. Chaque ductus thuribuli se fait duplici ictu. S, R. C, 22 mart. 1862.
  2. « Domine sancte,… respice ad hujus altaris tui holocaustum, quod non igne visibili probetur, sed infusum sanctu Spiritus tui gratia in odorem suavitatis ascendat et légitime se sumentibus Eucharistia medicabilis fiat ad vitamque proficiat sempiternam » Pont. Rom., de Ecoles. Dedic. seu Consecrat.