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ral, nous permettent aisément de reconnaître la fin et la signification de chaque encensement en particulier.

III. — La fumée de l’encens, son doux parfum, entourent le culte divin d’une dignité, d’une pompe, d’une solemnité plus grandes. Aussi l’Église l’a introduit dans plusieurs fonctions liturgiques, entre autres dans la plus sublime de toutes, dans la célébration solennelle de la sainte Messe. Cette cérémonie, aussi frappante pour les sens que pour l’imagination, est tout à fait propre, par les légers nuages de fumée qui s’élèvent vers le ciel, enveloppent l’autel et remplissent le sanctuaire de leurs parfums, à inculquer davantage la majesté d’un si auguste sacrifice et à nous faire apparaître l’autel terrestre comme l’image sensible de l’autel céleste (Apoc. VIII, 3, 4). L’encensement a lieu au commencement du service divin, avant l’introït, et au commencement de la partie de la Messe qui touche de plus près au sacrifice : l’offertoire. La circonstance principale de ces deux divisions générales de la Messe est également rehaussée par l’encens : on s’en sert à l’évangile, où le Seigneur se montre comme notre maître, et à l’élévation, où il paraît comme victime. La fumée de l’encens est aussi le symbole de la présence de Dieu dans sa parole ou dans son sacrement. Déjà dans l’ancienne alliance, la majesté de Dieu paraissait dans la nuée du tabernacle (Ex. XL, 32. Levit. XVI, 2. II Paralip. v, 13) ; et au grand jour de l’Expiation, le grand prêtre enveloppait le saint des saints de nuages d’encens, en signe de la manifestation de Jéhovah dans ce lieu sacré.

Le premier encensement à la messe solennelle peut être considéré comme la conclusion solennelle des prières du bas de l’autel. Cette cérémonie est assez simple et n’est accompagnée d’aucune prière. Le célébrant place à trois reprises de l’encens dans l’encensoir en disant : Ab illo benedicaris, in cujus honore cremaberis. Amen[1]. « Sois bénit par Celui en l’honneur de qui tu seras brûlé. Ainsi soit-il ». Et

  1. « Les anciennes éditions duCérémonial des évêques portaient in honorem [. I, c. xxni, n. 1) ; la dernière édition typique Ratisbonne, 1886) a in honore. La leçon originelle et exacte est, sans aucun doute, in cuius honore. La Vulgate, les anciennes liturgies et toute la littérature vulgaire latine construisent souvent la prépositionin avec l’ablatif au lieu de l’accusatif avec mouvement. L’hymne Iste confessor, dans Clichloveus, porte à la quatrième strophe : Unde nunc noster chorus in honore Ipsius hymnum canit htmc libenter. Dans l’office du vendredi saint on lit : Ecce enim propter lignum venit gaudium in universo mundo. L’Ordo Rom. XIV a la formule suivante : « Ab ipso sanctificeris, in cujus honore cremaberis ».