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fumée de l’encens qui s’élève représente le sacrifice et la prière qui pénètrent jusqu’au ciel, les nuages de fumée qui s’étendent sont l’image des fruits de la prière, c’est-à-dire, de la bonne odeur de la grâce qui descend du ciel ou s’échappe du tabernacle et de l’autel, où réside Jésus Christ[1]. « La prière monte et la miséricorde descend » [2].

Les vapeurs odorantes de l’encens sont aussi pour le prêtre et le peuple un avertissement de devenir, par leur esprit de sacfifice et de prière, par l’abondance des grâces et des vertus, la bonne odeur de Jésus Christ. — (Christi bonus odor — II Cor. II, 15), afin de réjouir le ciel et la terre[3].

Il est dans la nature des choses de voir dans la crémation de l’encens surtout un acte d’adoration, en particulier un acte de sacrifice, l’acte par excellence et l’expression la plus parfaite de l’adoration. Il faut observer toutefois que, dans l’intention de l’Église, l’encens n’est pas exclusivement employé comme signe d’adoration, mais aussi comme témoignage de la vénération due à tout ce qui est saint. C’est pourquoi, outre le très saint Sacrement, on encense les reliques et les images des Saints, le livre des Évangiles, le prêtre qui célèbre, le clergé et le peuple.

À la messe solennelle et dans d’autres actes du culte, on bénit l’encens, en d’autres termes, on en fait une chose sainte et consacrée à Dieu, avant de s’en servir[4]. L’encens bénit

  1. Voyez la prière qui accompagne l’encensement de l’oblation : Incensum istud a te benedictum ascendat ad te, Domine ; et descendat super nos misericordia tua »
  2. « Ascendit precatio et descendit Dei miseratio ». S. Augustin. Sermo 226 de Temp. — « Vespertina oratio ascendat ad te, Domine, et descendat super nos misericordia tua ». Breviar. Roman.
  3. « Res sacras, ut Dei et sanctorum basilicas, variis suavissimorum odorum replere generibus, optimum ac ideo honofiflcum est : sic enim internam erga eum reverentiam testamur, quod Ecclesia, festis prsesertim solemnioribus, eo fine faciendum instituil ; cumque templa sic suave olentia ingredimur, puros ac sanctos odores illos percipiendo, debemus ex his perceptis mentem ad cœlestia meditanda sursum erigere, orationem nostram sicut incensum ad Deum dirigere et ad virtutis exercitium nos excitare, ut sic bonus odor Christi simus in omni loco ». Philip. A. SS. Trinit. Theol. myst., tom. I, art. I, tr. II, art. 5.
  4. En règle générale, on doit bénir l’encens, même devant le saint Sacrement exposé, avant de le mettre dans l’encensoir. On omet cette bénédiction lorsque l’on encense le saint Sacrement seul, comme dans les expositions ou les processions : alors l’encens n’est employé que comme un symbole, et non comme un sacramental. Dans la messe des présanctiflés, le vendredi saint, on ne bénit pas l’encens (in signum mœroris et luctus ob Christi mortem, quia benedictio hilaritatem quam-