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nitivement en Occident qu’au moyen âge. La liturgie grecque l’admet beaucoup plus fréquemment que le rite latin.

Dans le culte divin, on ne doit se servir que de pur encens. Le meilleur vient des Indes occidentales et de l’Afrique ; on le tire d’un arbre particulier, l’arbre à encens (boswellia serrata)[1]. On peut y mêler d’autres matières odoriférantes, comme de la résine ou des plantes, mais en quantité bien moins considérable[2].

II — La crémation liturgique de parfums choisis est un rite plein de pompe et relève à un haut degré la célébration du culte divin. Elle est, en outre, un symbole des mystères de la foi et des vertus chrétiennes[3]. L’Église pénètre avec beaucoup d’exactitude les propriétés naturelles des choses sensibles pour en tirer des applications mystiques. C’est le cas pour l’encens. Son symbolisme repose sur ce fait que les grains d’encens sont brûlés, détruits par le feu, et s’élèvent vers le ciel comme une nuée odorante en répandant un agréable parfum dans le sanctuaire. Ce symbolisme est donc perdu, si l’encens n’est pas brûlé (incensum) s’il est déposé sur des charbons éteints (le Pontifical demande prunas ardentes) et si aucune fumée ne s’en dégage.

L’encens, que le feu doit consumer pour lui faire rendre une suave odeur, semble créé tout exprès pour être l’emblème du sacrifice intérieur de l’âme et de la prière qui plaît à Dieu[4]. Le parfum est la partie la plus déliée, la

  1. L’encens est une résine qui découle de l’écorce d’un arbre ; il se durcit à l’air, on le détache, et il entre ainsi dans le commerce.
  2. « Materies, quse adhibetur, vel solum et purum thus esse débet suavis odoris ; vel si aliqua addantur, advertatur, ut quantitas thuris longe superet ». Ceremon. episcop., 1. I, c. xxiii, n. 3. — L’encens se vend en poudre ou en grains.
  3. Le concile de Trente énumère expressément l’encens (thymiama) parmi les marques visibles de religion et de piété (visibilia religionis et pietatis signa), qui portent l’esprit à la méditation des choses célestes. Sess. XXll, cap. v.
  4. La dénomination grecque et latine de l’encens(thus, OutAtïfAa, de ôueiv, sacrifier, immoler, originairement aussi se dissiper en fumée) indique son rapport intime avec le sacrifice. L’encens, étant anéanti sur le leu, renferme les deux éléments nécessaires au sacrifice, la matière et la forme ; et si l’institution légitime vient s’y ajouter, comme c’était le cas dans l’ancienne loi, c’est un sacrifice proprement dit. Dans la loi nouvelle, l’usage de l’encens n’est qu’une cérémonie d’institution ecclésiastique, destinée à relever le culte divin et à figurer le sacrifice eucharistique. Cfr Quarti, de Sacris Bénédiction., tit. II, sect. V, dub. iv. — Parfois le thymiama (de ^M^^àui, j’allume) est pris dans un sens plus général et distingué de l’encens proprement dit. Cfr Pontif. Rom., de Bened. signi.