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I. — Déjà dans l’ancienne alliance[1], sur l’ordre formel de Dieu, l’encens était employé dans la liturgie. Et même, alors, on ne pouvait l’offrir et le brûler qu’en l’honneur de Jéhovah. La fumée de l’encens était sainte pour le Seigneur ; il avait lui-même exactement décrit la manière de le préparer et les occasions où il fallait s’en servir (Ex. xxx, 1-10, 34-38). L’autel des parfums (altare ad adolendum thymiama) était dans le sanctuaire, lequel était séparé du saint des saints par un rideau. Tous les jours, matin et soir, on y offrait un sacrifice d’encens, ainsi qu’au grand jour de la fête de l’expiation et dans l’offrande des pains de proposition (thus lucidissimuni).

Suivant l’enseignement unanime des saints Pères, en présentant de l’encens à Jésus Christ après sa naissance, les mages voulurent rendre, sous une forme symbolique, leurs adorations au Dieu qui se manifestait à eux, caché sous les traits d’un esclave[2]. L’encens fut introduit de bonne heure dans le culte chrétien[3], surtout à partir du ive siècle, où la liberté rendue à l’Église permit de donner plus de solennité aux cérémonies, il devint d’un emploi général[4]. L’usage actuel de l’encensement liturgique ne s’est fixé défi-


    nem. qua peracta osculatur altare... accipit capsam et ponit incensum in thuribulum, et incensat altare, et archidiaconusretinet planetam,ne impediatur ». «In quibusdam ecclesiis-sacerdos ad altare accedens statira thurificat ». Robert Paulul., de Offic. eccles.,. II, c. xiv.

  1. « Voluit Deus hos odores sibi adoleri, non quod odoratu thymiamatis delectetur, cum nullum habeat odoratum : sed quia magnum inter homines censetur honor, suaves cuipiamapponere veîsuft’umigare odores : hinc Deus, qui cum hominibus bumano more agit, voluit eosdem ad sui cultum coramse adoleri. Sic omnium gentium consueludine et ritu thuris et odorum incensio attributa est Dec ; bine poêlas thîiris honores vocant bonores divinos, et très magi bsec tria munera dederunt Christo, scilicet : « aurum régi, thura Deo, mj’rrhamque sepulto ». Unde et nos tburificamus Deo ». Corn, a Lap. in Exod. xxx, 1.
  2. « Per ista tria munerum gênera in uno eodemque Cbristo et divina majestas et regia polestas et bumana mortalitas intimatur : tîiîis enim ad sacriflcium, aurum pertinet ad tributum, myrrha ad sepulturam pertinet mortuorum ». IS. Fulgent. Serni. iv
  3. Les païens se servaient de l’encens surtout dans le culte des dieux. Le démon voulait se faire rendre par ses serviteurs les mêmes témoignages de respect que Dieu exigeait de son peuple. L’offrande de l’encens aux idoles était, pour les chrétiens, un signe d’apostasie.
  4. Le premier document certain de l’emploi de l’encens en Occident se trouve dans saint Ambroise. Parlant de l’apparition de l’ange à Zacbarie (Luc. i, 5-25), le saint docteur ajoute : « Fuisse un ange se tenir aussi à nos côtés, lorsque nous encensons l’autel (nobis adolentibus altaria) ! »