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LES QUATRAINS DE KHÈYAM.


106

Cette caravane de la vie passe d’une manière bien étrange ! Sois sur tes gardes, ami, car c’est le temps de la joie qui s’échappe ainsi ! Ne t’inquiète donc pas du chagrin qui demain attend nos amis, et apporte-moi vite la coupe, car vois comme la nuit s’écoule !


107

Celui qui a posé les bases de la terre, de la roue et des cieux, que de plaies n’a-t-il pas creusées dans le cœur chagrin de l’homme ! que de lèvres couleur de rubis n’a-t-il pas ensevelies dans ce petit globe de terre ! que de mèches de cheveux parfumées de musc n’a-t-il pas enfouies dans le sein de la poussière !


108

Ô hommes insouciants ! ne vous rendez pas la dupe de ce monde, puisque vous connaissez ses poursuites. Ne jetez pas au vent votre précieuse vie ; dépêchez-vous de chercher l’ami[1], et vite buvez du vin.


109

Ô mes chers compagnons ! versez-moi du vin, et par ce moyen rendez à mon visage, jaune comme l’ambre, la couleur du rubis. Quand je serai mort, lavez-moi dans du vin, et du bois de la vigne qu’on fasse mon brancard et mon cercueil !


1lO

Le jour où ce coursier céleste d’étoiles d’or fut sellé[2], où la planète de Jupiter et les Pléiades furent créées, dès ce jour le divan du destin fixa notre sort. En quoi sommes-nous donc coupables, puisque telle est la part qu’on nous a faite ?

  1. C’est-à-dire Dieu.
  2. Le poëte compare le ciel à un cheval qui n’a pas encore porté de selle à cause de sa course rapide autour de la terre. « Dès le jour où ce coursier céleste d’étoiles d’or fut sellé », c’est-à-dire : dès le jour où Dieu lui eut imprimé le mouvement, de rotation autour de la terre.