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LES QUATRAINS DE KHÈYAM.


449

Si dans une ville tu acquiers de la renommée, tu es considéré comme le plus méchant des hommes ; si tu vis retiré dans un coin, on te regarde comme un instigateur. Ce qu’il y a donc de mieux, fusses-tu Elie ou saint Georges, c’est de vivre de façon à ne connaître personne, à n’être connu de personne.


450

Si j’étais libre et que je pusse user de ma volonté, si j’étais affranchi des tourments de la destinée, débarrassé du sentiment du bien et du mal de ce monde, où réside le désordre, oh ! j’aimerais mieux n’y être point venu, n’y point exister, n’être point forcé d’en partir !


451

Bois du vin, ami, car vois comme il fait rouler des gouttes de sueur sur les joues des belles de Rhèi[1], les plus belles du monde ! Oh ! jusques à quand le répéterai-je ? oui, j’ai brisé les liens de tous mes vœux. Ne vaut-il pas mieux briser les liens de cent vœux que de briser une cruche de vin ?


452

Nous possédons du vin, ô échanson ! nous jouissons de la présence de la bien-aimée (la Divinité) et du bruit du matin. Qu’on n’attende pas de notre part la renonciation de Nèssouh[2], ô échanson ! Jusques à quand parleras-tu de l’histoire de Noé[3], ô échanson ? Apporte, apporte-moi gentiment le repos de l’âme (du vin), ô échanson !

  1. Ragès de l’Écriture.
  2. [Texte en persan], la renonciation de Nèssouh, est un vœu formel dont on ne peut se faire relever.
  3. Remarque relative au Koran, où l’histoire de Noé est répétée dans cinq ou six versets différents. Khèyam trouve que c’est trop souvent revenir sur le même sujet.