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PRÉFACE

confusion dans toute l’étendue de l’empire. Mais les sectateurs de Hassan[1] augmentaient tous les jours, et bientôt ce chef se vit assez fort pour repousser par une vigoureuse attaque les troupes royales et les obliger de battre en retraite. Après ce succès, Hassan ne mit plus de bornes à ses exploits, et acquit une telle renommée que rien ne paraissait plus devoir lui résister.

La mort de Malek-chah étant survenue peu de temps après celle de Nézam-el-Moulk, Hassan se hâta de profiter, pour étendre sa domination, des revers qu’éprouva le célèbre sultan Sandjar, successeur de Malek-chah, et des guerres incessantes que se faisaient les différentes branches de la maison des Seldjoukides, guerres qui se prolongèrent jusqu’à la mort de Tougroul III, environ quarante à quarante-cinq ans. Sultan-Sandjar, justement inquiet des progrès d’envahissement de Hassan, résolut de détruire entièrement dans ses États une bande de brigands dont les déprédations et les meurtres répandaient la terreur dans les provinces. À cet effet, il réunit une armée avec laquelle il marcha en personne contre les agresseurs ; mais, arrivé à une certaine distance du mont Alamout, il vit un matin, en se réveillant, un poignard enfoncé dans la terre près du chevet de son lit, et dont la lame avait transpercé un billet à son adresse, où il lut avec effroi ces mots[2] :

« Ô Sandjar ! apprends que, si je n’avais pas voulu respecter «  » tes jours, la main qui a enfoncé ce poignard dans la terre,

  1. Les historiens persans élèvent au chiffre de plus de soixante raille le nombre des sectateurs qui ont suivi ce chef de brigands, du nom duquel quelques auteurs font dériver notre mot français assassin.
  2. Malcolm rapporte ce fait dans son Histoire de la Perse, II, 124 (tr. fr.).