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PRÉFACE

s’appliqua principalement à l’étude de l’histoire de son pays, qui lui présentait de nombreux exemples d’hommes célèbres arrivés, par leur mérite ou par leur courage, aux plus hautes charges, et où il puisait d’ailleurs d’excellentes leçons sur toutes les branches d’une bonne administration. Il devint un illustre homme d’État. Quant à Hassan-Sèbbah, aussi ambitieux que son condisciple Abdul-Kassém, mais moins habile et plus violent que lui dans l’application des moyens, astucieux et jaloux de la supériorité de ses camarades, il suivit à peu près les mêmes études, mais en nourrissant le projet de s’en servir pour la ruine de tous ceux qui oseraient s’opposer à son avancement dans la carrière qu’il avait choisie. Aussi devint-il célèbre, ainsi que le démontrera la suite de cette notice, par les cruautés qu’il a commises et le sang qu’il a versé.

Leurs études terminées, les trois amis sortirent du collège et se séparèrent pour rentrer dans leurs foyers, où ils restèrent un certain temps sans renommée aucune. Cependant Abdul-Kassém parvint bientôt à se faire avantageusement connaître à la cour d’Alp-Arslan, deuxième roi de la dynastie des Seldjoukides 1[1], par divers écrits en matière d’administra-

    sidérablement contribué aux sanglantes persécutions dont ces sectateurs furent, à diverses époques, l’objet de la part de l’autorité persane, qui protégeait en toutes circonstances le clergé orthodoxe et la foi nationale. Mais aujourd’hui les soufis jouissent d’une liberté et d’une tranquillité parfaites, soit que le clergé orthodoxe ait perdu de son antique influence, soit qu’il ait senti l’inefficacité de ses investigations à l’égard d’hommes d’autant plus difficiles à convaincre d’hérésie qu’ils pratiquent ostensiblement la religion musulmane, et que leur culte véritable est essentiellement intérieur.

  1. l La tribu turque des Seldjoukides tire son nom de Seldjouk, chef qui s’établit avec sa tribu dans les plaines de Boukhara. Cette famille renversa, vers l’an 429 de l’hégire, la dynastie des Ghaznavites, après avoir été longtemps soumise à son autorité.