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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Tu parles. Un passe-lacet, oui.

Et elles se mirent à rire quand même. Mais elles riaient mal. Elles avaient peur.

Neyrac referma son carnet. Dans ses enquêtes, il prenait très peu de notes, se fiant plus volontiers à sa mémoire. « En matière policière, aimait-il énoncer, l’instinct vaut mieux que la méthode ». Il remit son pardessus, son chapeau, finit son verre de bière.

Dans le corridor, il dit aux agents :

— C’est fini. Vous pouvez vous en aller.

En rentrant à son bureau de la Police Judiciaire, il trouva le rapport du médecin légiste.

— La victime, disait-il, a été déflorée avant le meurtre. Il n’y a eu de ce fait aucune violence. Le meurtre remonte à environ trois heures avant la découverte du cadavre.

Neyrac calcula.

— Découverte du cadavre : vers sept heures. Le crime aurait donc été commis vers quatre heures.

Il paraissait soucieux.

 

Les garçons, en veste blanche, circulaient, portant des seaux à champagne d’où émergeaient les cols dorés enturbannés d’une serviette immaculée. Un gros maître d’hôtel en habit les dirigeait avec des clignements d’yeux et de petits appels qui claquaient contre ses bajoues molles.

Frénétiquement, les musiciens noirs s’abandonnaient à la joie de la musique, la batterie scandant