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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Demande donc à la petite qu’elle nous monte quelque chose pour casser la croûte. Pour deux. Tu diras que c’est pour moi. Elle est au courant.

— Entendu.

Très grave, le créole sortit. Aussitôt Liliane jeta sur un fauteuil la veste de son pyjama, laissa tomber le pantalon, se dirigea vers la salle de bains.

— Débarrasse un coin de table. On va déjeuner toutes les deux.

Ruby ôta les bas, la combinaison, la culotte qui couvraient un guéridon. Une petite servante mal coiffée apporta sur un plateau de vagues charcuteries et des fruits.

— As-tu monté à boire, cria Liliane de la salle de bains, parmi les cataractes de robinet.

— Ah ! on ne m’a pas dit. Voulez-vous de la bière ou de l’eau Perrier ?

— Laisse, va. On boira de la flotte. C’est meilleur pour le teint.

La petite bonne était à peine partie que la porte s’ouvrit de nouveau et roula sur le tapis quelque chose d’informe dans lequel on finissait par reconnaître des bras, des jambes curieusement emmêlés, le tout surmonté d’un échevèlement de cheveux blonds. Cela fit un bond, s’arrêta, reprit une marche oblique, puis soudain se dénoua, se dressa, s’éleva et reprit l’aspect d’une petite bonne femme un peu potelée, sanglée dans un maillot de bain pas très propre, et dont les yeux bleus s’arron-