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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Quel jeu joues-tu ? dit-il d’une voix plus brutale.

— Quoi ?

— Je les connais, les sainte-nitouche dans ton genre. On se laisse aborder, on va aux rendez-vous, on accepte les invitations. On fait tout pour allumer le monsieur qu’on croit être de bonne prise, et puis…

— Et puis ?

— Et puis on refuse de payer.

— Jean, je vous défends…

— Tu n’as rien à me défendre. Si tu as un type, il n’y a qu’à le dire.

— Je n’ai pas de type, comme vous dites…

— Alors, pourquoi pas moi ?

Ruby sentit monter en elle une grande envie de pleurer, mais elle se maîtrisait car elle sentait le ridicule qu’eussent eu des larmes en un pareil moment.

— Je vous en prie, Jean, fit-elle… Plus tard…

— Pourquoi plus tard ?

— Laissez-moi le temps.

— Non, tu ne te déroberas pas toujours. Ce sera ce soir ou jamais.

Du coup, Ruby se dégagea brusquement.

— Alors, jamais.

Elle s’était levée et se glissait rapidement vers la sortie.

— Ruby, appela Jean.