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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Ruby regardait tout cela. Jean, lui, regardait Ruby.

Quelques coupes de champagne qu’elle avait bues sans qu’elle s’en rendît bien compte lui avaient un peu tourné la tête. Jean pensa que le moment était venu.

— Vous êtes jolie ce soir, comme jamais vous ne l’avez été.

Elle rit, heureuse du compliment.

— Tout le monde vous regarde, mais je sais que c’est pour moi seul que vous êtes si belle.

— Vous devenez fat.

— Non, Vous m’appartenez déjà un peu… Demain, tout Montmartre saura que je suis votre amant.

— Encore faudrait-il que je sois votre maîtresse.

— Ne voulez-vous pas l’être ?

Il l’avait prise par la taille.

— Soyez sage, Jean.

— J’ai de la fortune. Je saurai vous rendre heureuse.

— Taisez-vous… Si je deviens votre maîtresse, croyez-vous que ce soit pour cela ?

Il se fit pressant :

— Alors, si c’est par amour, dis que tu seras à moi.

— Je ne peux rien vous dire encore…

Son visage s’était durci.