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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Ruby et son compagnon, entrèrent au Tout-Tim, rué de Douai. Juchés sur les hauts tabourets, ils burent deux Martinis que leur servit Janette, une barmaid impeccable dans sa veste blanche, mais ils purent échanger peu de propos intimes à cause du brouhaha des consommateurs qui se pressaient. Rapidement, Ruby s’éclipsa.

— À ce soir !

— Vous pouvez compter sur moi.

Sans difficulté, elle trouva rue Clauzel l’hôtel Minerva. Ce n’était pas à proprement parler un hôtel, mais une grande bâtisse, pas très neuve, d’aspect cependant assez moderne dans laquelle des chambres meublées étaient occupées par des artistes de music-hall. Il n’y avait pas de portier, mais une sorte de concierge qui donnait à chaque locataire les clefs de son appartement, ainsi que celle de l’entrée, si bien que chacun était parfaitement libre d’aller et de venir à sa guise. Elle était du reste un peu sourde et semblait ne jamais sortir de l’ahurissement où la mettaient les heures invraisemblables où on lui demandait généralement de faire les lits et de donner un coup de balai aux chambres. Depuis vingt-cinq ans, elle faisait ce métier, mais n’avait jamais pu s’adapter à l’existence pleine de fantaisie de ses locataires. Elle était d’ailleurs pleine de bonne volonté et d’indulgence et faisait de son mieux pour contenter tout le monde.