suivant l’usage du temps, ces discussions philosophiques signalées dans les livres des Hébreux.
— Ne conseillez-vous pas, reprit la reine, l’égoïsme et la dureté du cœur quand vous dites : « Si vous savez répondre pour votre ami, vous vous êtes mis dans le piège ; ôtez le vêtement à celui qui s’est engagé pour autrui… » Dans un autre proverbe, vous vantez la richesse et la puissance de l’or…
— Mais ailleurs je célèbre la pauvreté.
— Contradiction. L’Ecclésiaste excite l’homme au travail, fait honte au paresseux, et il s’écrie plus loin : « Que retirera l’homme de tous ses travaux ? Ne vaut-il pas mieux manger et boire ?… » Dans les Sentences, vous flétrissez la débauche, et vous la louez dans l’Ecclésiaste…
— Vous raillez, je crois…
— Non, je cite. « J’ai reconnu qu’il n’y a rien de mieux que de se réjouir et de boire ; que l’industrie est une inquiétude inutile, parce que les hommes meurent comme les bêtes, et leur sort est égal. » Telle est votre morale, ô sage !
— Ce sont là des figures, et le fond de ma doctrine…
— Le voici, et d’autres, hélas ! l’avaient déjà trouvé : « Jouissez de la vie avec les femmes pendant tous les jours de votre vie ; car c’est là votre partage dans le travail… etc… » Vous y revenez souvent. D’où j’ai conclu qu’il vous sied de matérialiser votre peuple pour commander plus sûrement à des esclaves.
Soliman se fût justifié, mais par des arguments qu’il ne voulait point exposer devant son peuple, et il s’agitait impatient sur son trône.
— Enfin, poursuivit Balkis avec un sourire assaisonné d’une œillade languissante, enfin, vous êtes cruel à notre sexe, et quelle est la femme qui oserait aimer l’austère Soliman ?
— Ô reine ! mon cœur s’est étendu comme la rosée du printemps sur les fleurs des passions amoureuses dans le Cantique de l’époux !…