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TALMA.


O de quelle splendeur brillaient nos jours passés,
Quand un autre soleil échauffait la patrie ;
Quand nos jeunes lauriers, vers le ciel élancés,
Agitaient noblement leur tige refleurie !
Ces grands jours, déjà loin, ne vont plus s’éveiller :
       Notre avenir se décolore,
Et le siècle prodigue a jeté dès l’aurore
       Tout l’éclat dont il dut briller.

Sur un rocher désert notre grand capitaine
Du poids de ses malheurs se sentit accablé ;
Et comme lui, plus tard, une plage lointaine
       Dévora David exilé !

       Que de gloire, que d’espérance
       On voit s’éteindre chaque jour !
       De la couronne de la France
       Que de fleurs tombent sans retour !
       Que de mortels de qui l’aurore
       Rayonna d’immortalité,
       Et dont ce siècle jeune encore
       Est déjà la postérité !

Un regret plus profond nous a frappés naguère ;
       Le modèle du citoyen,
De notre liberté le plus digne soutien,
       Est descendu dans la poussière ! —
Mais encore une fois le sol s’est divisé :
       C’est une autre fosse qu’on ouvre ;
       Près de la terre qui le couvre,
       Un nouveau tombeau s’est creusé !