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ANGÉLIQUE

Le narrateur continue :

 Et au bout des trois jours
La belle ressuscite !

— Ouvrez, ouvrez, mon père,
Ouvrez, sans plus tarder ;
Trois jours j’ai fait la morte
Pour mon honneur garder.


Le père est en train de souper avec toute la famille. On accueille avec joie la jeune fille dont l’absence avait beaucoup inquiété ses parents depuis trois jours, et il est probable qu’elle se maria plus tard fort honorablement.

Revenons à Angélique de Longueval.


« Mais pour parler de la résolution que je fis de quitter ma patrie, elle fut en cette sorte : lorsque celui qui était allé au Maine fut revenu à Verneuil, mon père lui demanda avant le souper : « Avez-vous force d’argent ? » à quoi il répondit : « J’ai tant. » Mon père non content, prit un couteau sur la table, parce que le couvert était mis, et se jetant sur lui pour le blesser, ma mère et moi y accourûmes ; mais déjà celui qui devait être cause de tant de peine, s’était blessé lui-même au doigt en voulant ôter le couteau à mon père… et encore qu’il ait reçu ce mauvais traitement, l’amour qu’il avait pour moi l’empêchait de s’en aller, comme était son devoir.

» Huit jours se passèrent que mon père ne lui disait ni