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LES FILLES DU FEU

4e LETTRE

Un manuscrit des archives. — Angélique de Longueval. — Voyage à Compiègne. — Histoire de la grand’tante de l’abbé de Bucquoy.

J’ai eu l’idée d’aller aux archives de France où l’on m’a communiqué la généalogie authentique des Bucquoy. Leur nom patronymique est Longueval. En compulsant les dossiers nombreux qui se rattachent à cette famille, j’ai fait une trouvaille des plus heureuses.

C’est un manuscrit d’environ cent pages, au papier jauni, à l’encre déteinte, dont les feuilles sont réunies avec des faveurs d’un rose passé, et qui contient l’histoire d’Angélique de Longueval ; j’en ai pris quelques extraits que je tâcherai de lier par une analyse fidèle. Une foule de pièces et de renseignements sur les Longueval et sur les Bucquoy m’ont renvoyé à d’autres pièces, qui doivent exister à la Bibliothèque de Compiègne. — Le lendemain était le propre jour de la Toussaint ; je n’ai pas manqué cette occasion de distraction et d’étude.

La vieille France provinciale est à peine connue, — de ces côtés surtout, — qui cependant font partie des environs de Paris. Au point où l’Île-de-France, le Valois et la Picardie se rencontrent, — divisés par l’Oise et l’Aisne, au cours si lent et si paisible, — il est permis de rêver les plus belles bergeries du monde.

La langue des paysans eux-mêmes est du plus pur français, à peine modifié par une prononciation où les désinences des mots montent au ciel à la manière du chant de l’alouette… Chez les enfants cela forme comme un ramage. Il y a aussi dans les tournures de phrases quelque