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ANGÉLIQUE

On a dit que dans le grand siècle, le plus petit commis écrivait aussi pompeusement que Bossuet. Il est impossible de ne pas admirer ce beau détachement du rapport qui fait espérer que le meurtrier deviendra plus traitable sur le règlement de ses intérêts… Quant au meurtre, à l’enlèvement des papiers, aux coups mêmes, distribués probablement aux hommes de loi, ils ne peuvent être punis, parce que ni les parents ni d’autres n’en porteront plainte, — M. Le Pileur étant trop grand seigneur pour ne pas soutenir même ses mauvais incidents

Il n’est plus question ensuite de cette histoire, — qui m’a fait oublier un instant le pauvre abbé ; — mais, à défaut d’enjolivements romanesques, on peut du moins découper des silhouettes historiques pour le fond du tableau. Tout déjà, pour moi, vit et se recompose. Je vois d’Argenson dans son bureau, Pontchartrain dans son cabinet, le Pontchartrain de Saint-Simon, qui se rendit si plaisant en se faisant appeler de Pontchartrain, et qui, comme bien d’autres, se vengeait du ridicule par la terreur.

Mais à quoi bon ces préparations ? Me sera-t-il permis seulement de mettre en scène les faits, à la manière de Froissard ou de Monstrelet ? — On me dirait que c’est le procédé de Walter Scott, un romancier, et je crains bien qu’il ne faille me borner à une analyse pure et simple de l’histoire de l’abbé de Bucquoy… quand je l’aurai trouvée.

3e LETTRE

Un conservateur de la Bibliothèque Mazarine. — La souris d’Athènes. — La Sonnette enchantée.

J’avais bon espoir : M. Ravenel devait s’en occuper ; — ce n’était plus que huit jours à attendre. Et, du reste, je