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ANGÉLIQUE

Et si c’était l’abbé de Bucquoy lui-même ! — Pas de nom ; seulement un mot : Un particulier. Il est question plus loin de la nommée Lebeau, femme du nommé Cardinal, connue pour une prostituée… Le sieur Pasquier s’intéresse à elle…

Au crayon, en marge : « À la maison de Force. Bon pour six mois. »


Je ne sais si tout le monde prendrait le même intérêt que moi à dérouler ces pages terribles intitulées : Pièces diverses de police. Ce petit nombre de faits peint le point historique où se déroulera la vie de l’abbé fugitif. Et moi, qui le connais, ce pauvre abbé, — mieux peut-être que ne pourront le connaître mes lecteurs, j’ai frémi en tournant les pages de ces rapports impitoyables qui avaient passé sous la main de ces deux hommes, — d’Argenson et Pontchartrain[1].

Il y a un endroit où le premier écrit, après quelques protestations de dévouement :

« Je saurais même comme je dois recevoir les reproches et les réprimandes qu’il vous plaira de me faire… »

Le ministre répond, à la troisième personne, et, cette fois, en se servant d’une plume… « Il ne les méritera pas quand il voudra ; et je serais bien fâché de douter de son dévouement, ne pouvant douter de sa capacité. »

Il restait une pièce dans ce dossier. « Affaire Le

  1. Voici à quoi rimait dans ce temps-là le nom de Pontchartrain :

    C’est un pont de planches pourries,
    Un char traîné par les furies
    Dont le diable emporte le train.