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ANGÉLIQUE

ques est bien le sien. Mais qu’est-ce que cet abbé fantastique a pu aller faire dans les Indes ?

Un autre employé arrive : on s’est trompé dans l’orthographe du nom ; ce n’est pas de Bucquoy ; c’est du Bucquoy, et comme il peut avoir été écrit Dubucquoy, il faut recommencer toutes les recherches à la lettre D.

Il y avait véritablement de quoi maudire les particules des noms de famille ! Dubucquoy, disais-je, serait un roturier… et le titre du livre le qualifie comte de Bucquoy !


Un paléographe qui travaillait à la table voisine leva la tête et me dit : « La particule n’a jamais été une preuve de noblesse ; au contraire, le plus souvent, elle indique la bourgeoisie propriétaire, qui a commencé par ceux que l’on appelait les gens de franc alleu. On les désignait par le nom de leur terre, et l’on distinguait même les branches diverses par la désinence variée des noms d’une famille. Les grandes familles historiques s’appellent Bouchard (Montmorency), Bozon (Périgord), Beaupoil (Saint-Aulaire), Capet (Bourbon), etc. Les de et les du sont pleins d’irrégularités et d’usurpations. Il y a plus : dans toute la Flandre et la Belgique, de est le même article que le der allemand, et signifie le. Ainsi, de Muller veut dire : le meunier, etc. — Voilà un quart de la France rempli de faux gentilshommes. Béranger s’est raillé lui-même très-gaiement sur le de qui précède son nom, et qui indique l’origine flamande. »

On ne discute pas avec un paléographe ; on le laisse parler.


Cependant, l’examen de la lettre D dans les diverses