Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/313

Cette page n’a pas encore été corrigée

c’était Wilhelm qui rentrait dans la chambre, le chapeau sur la tête et enveloppé d’un long manteau bleu.

Desroches se réveilla en sursaut.

— Diable ! s’écria-t-il, vous étiez déjà sorti ce matin ?

— Il faut vous lever, répondit Wilhelm.

— Mais nous ouvrira-t-on au fort ?

— Sans doute, tout le monde est à l’exercice ; il n’y a plus que le poste de garde.

— Déjà ! eh bien, je suis à vous… Le temps seulement de dire bonjour à ma femme.

— Elle va bien, je l’ai vue ; ne vous occupez pas d’elle.

Desroches fut surpris de cette réponse, mais il la mit sur le compte de l’impatience, et plia encore une fois devant cette autorité fraternelle qu’il allait bientôt pouvoir secouer.

Comme ils passaient sur la place pour aller au fort, Desroches jeta les yeux sur les fenêtres de l’auberge. Emilie dort sans doute, pensa-t-il. Cependant le rideau tremble, se ferme, et le lieutenant crut remarquer qu’on s’était éloigné du carreau pour n’être pas aperçu de lui.

Les guichets s’ouvrirent sans difficulté. Un capitaine invalide, qui n’avait pas assisté au souper de la veille, commandait l’avant-poste. Desroches prit une lanterne et se mit à guider de salle en salle son compagnon silencieux.

Après une visite de quelques minutes sur différents points où l’attention de Wilhelm ne trouva guère à se fixer : Montrez-moi donc les souterrains, dit-il à son beau-frère.

— Avec plaisir, mais ce sera, je vous jure, une promenade peu agréable ; il règne là-dessous une grande humidité.