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l’espérance renaît sur la terre, c’est la fête renouvelée de la jeunesse et du printemps.

Voilà le culte oriental, primitif et postérieur à la fois aux fables de la Grèce, qui avait fini par envahir et absorber peu à peu le domaine des dieux d’Homère. Le ciel mythologique rayonnait d’un trop pur éclat, il était d’une beauté trop précise et trop nette, il respirait trop le bonheur, l’abondance et la sérénité, il était, en un mot, trop bien conçu au point de vue des gens heureux, des peuples riches et vainqueurs, pour s’imposer longtemps au monde agité et souffrant. — Les Grecs l’avaient fait triompher par la victoire dans cette lutte presque cosmogonique qu’Homère a chantée, et depuis encore la force et la gloire des dieux s’étaient incarnées dans les destinées de Rome, — mais la douleur et l’esprit de vengeance agissaient sur le reste du monde, qui ne voulait plus s’abandonner qu’aux religions du désespoir. — La philosophie accomplissait d’autre part un travail d’assimilation et d’unité morale ; la chose attendue dans les esprits se réalisa dans l’ordre des faits. Cette Mère divine, ce Sauveur, qu’une sorte de mirage prophétique avait annoncés çà et là d’un bout à l’autre du monde, apparurent enfin comme le grand jour qui succède aux vagues clartés de l’aurore.