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pareilles d’associations et de confréries. Je me garderai certes de tirer de tous ces rapprochements les mêmes conclusions que Volney et Dupuis. Au contraire, aux yeux du philosophe, sinon du théologien, — ne peut-il pas sembler qu’il y ait eu, dans tous les cultes intelligents, une certaine part de révélation divine ? Le christianisme primitif a invoqué la parole des sibylles et n’a point repoussé le témoignage des derniers oracles, de Delphes. Une évolution nouvelle des dogmes pourrait faire concorder sur certains points les témoignages religieux des divers temps. Il serait si beau d’absoudre et d’arracher aux malédictions éternelles les héros et les sages de l’antiquité !

Loin de moi, certes, la pensée d’avoir réuni les détails qui précèdent en vue seulement de prouver que la religion chrétienne a fait de nombreux emprunts aux dernières formules du paganisme : ce point n’est nié de personne. Toute religion qui succède à une autre respecte longtemps certaines pratiques et formes de culte, qu’elle se borne à harmoniser avec ses propres dogmes. Ainsi la vieille théogonie des Egyptiens et des Pélasges s’était seulement modifiée et traduite chez les Grecs, parée de noms et d’attributs nouveaux ; — plus tard encore, dans la phase religieuse que nous venons de dépeindre, Sérapis, qui était déjà une transformation d’Osiris, en devenait une de Jupiter ; Isis, qui n’avait, pour entrer dans le mythe grec, qu’à reprendre son nom d’Io, fille d’Iacchus, — le fondateur des mystères d’Eleusis, — repoussait désormais le masque bestial, symbole d’une époque de lutte et de servitude. Mais voyez combien d’assimilations aisées le christianisme allait trouver dans ces rapides transformations des dogmes les plus divers ! — Laissons de côté la croix de Sérapis et