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et du matin, le grand-prêtre montrait au peuple l’Hydria, la sainte cruche, et l’offrait à son adoration. — On ne négligeait rien pour pénétrer profondément l’esprit des spectateurs du caractère de cette divine transubstantiation. — Le prophète lui-même, quelque grande que fût la sainteté de ce personnage, ne pouvait saisir avec ses mains nues le vase dans lequel s’opérait le divin mystère. — Il portait sur son étole, de la plus fine toile, une sorte de pèlerine (piviale) également de lin ou de mousseline, qui lui couvrait les épaules et les bras , et dans laquelle il enveloppait son bras et sa main. — Ainsi ajusté, il prenait le saint vase, qu’il portait ensuite, au rapport de saint Clément d’Alexandrie, serré contre son sein. — D’ailleurs, quelle était la vertu que le Nil ne possédât pas aux yeux du pieux Egyptien ? On en parlait partout comme d’une source de guérisons et de miracles.. — Il y avait des vases où son eau se conservait plusieurs années. « J’ai dans ma cave de l’eau du Nil de quatre ans », disait avec orgueil le marchand égyptien à l’habitant de Byzance ou de Naples qui lui vantait son vieux vin de Falerne ou de Chios. Même après la mort, sous ses bandelettes et dans sa condition de Momie, l’Egyptien espérait qu’Osiris lui permettrait encore d’étancher sa soif avec son onde vénérée. Osiris te donne de l’eau fraîche ! disaient les épitaphes des morts. — C’est pour cela que les momies portaient une coupe peinte sur la poitrine.


III.

Peut-être faut-il craindre, en voyage, de gâter par des lectures faites d’avance l’impression première des lieux