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lui baiser la main. — Si j’étais plus forte, dit-elle, je vous apprendrais à mentir !… Et elle me menaçait, en riant, d’une badine à tête d’or qu’elle tenait à la main.

Notre vaisseau touchait au port de Naples et nous traversions le golfe, entre Ischia et Nisida, inondées des feux de l’Orient. — Si vous m’aimez, reprit-elle, vous irez m’attendre demain à Portici. Je ne donne pas à tout le monde de tels rendez-vous.

Elle descendit sur la place du Môle et accompagna son père à l’hôtel de Rome, nouvellement construit sur la jetée. Pour moi, j’allai prendre mon logement derrière le théâtre des Florentins. Ma journée se passa à parcourir la rue de Tolède, la place du Môle, à visiter le musée des études ; puis j’allai le soir voir le ballet à San-Carlo. J’y fis rencontre du marquis Gargallo, que j’avais connu à Paris et qui me mena après le spectacle prendre le thé chez ses sœurs.

Jamais je n’oublierai la délicieuse soirée qui suivit. La marquise faisait les honneurs d’un vaste salon rempli d’étrangers. La conversation était un peu celle des Précieuses ; je me croyais dans la chambre bleue de l’hôtel Rambouillet. Les sœurs de la marquise, belles comme les Grâces, renouvelaient pour moi les prestiges de l’ancienne Grèce. On discuta longtemps sur la forme de la pierre d’Eleusis, se demandant si sa forme était triangulaire ou carrée. La marquise aurait pu prononcer en toute assurance, car elle était belle et fière comme Vesta. Je sortis du palais la tête étourdie de cette discussion philosophique, et je ne pus parvenir à retrouver mon domicile. A force d’errer dans la ville, je devais y être enfin le héros de