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le propre fils du grand khan de Crimée envoyé ici pour faire ses études, et avantageusement connu dans toute l’Europe chrétienne sous le pseudonyme de Brisacier. Encore si ce misérable, si cet intrigant suranné m’eût laissé quelques vieux louis, quelques carolus, ou même une pauvre montre entourée de faux brillants, j’eusse pu sans doute imposer le respect à mes accusateurs et éviter la triste péripétie d’une aussi sotte combinaison. Bien mieux, vous ne m’aviez laissé pour tout costume qu’une méchante souquenille puce, un justaucorps rayé de noir et de bleu, et des chausses d’une conservation équivoque. Si bien, qu’en soulevant ma valise après votre départ, l’aubergiste, inquiet, a soupçonné une partie de la triste vérité, et m’est venu dire tout net que j’étais un prince de contrebande. À ces mots, j’ai voulu sauter sur mon épée, mais La Rancune l’avait enlevée, prétextant qu’il fallait m’empêcher de m’en percer le cœur sous les yeux de l’ingrate qui m’avait trahi ! Cette dernière supposition était inutile, ô La Rancune ! on ne se perce pas le cœur avec une épée de comédie, on n’imite pas le cuisinier Vatel, on n’essaie pas de parodier les héros de roman, quand on est un héros de tragédie : et je prends tous nos camarades à témoin qu’un tel trépas est impossible à mettre en scène un peu noblement. Je sais bien qu’on