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LES FILLES DU FEU

— Parce qu’il n’y a pas de fonds attribués à ce travail par la ville. La plupart des pièces sont en gothique et en latin… Il faudrait qu’on nous envoyât quelqu’un de Paris.

Il est évident que je ne pouvais espérer de trouver facilement là des renseignements sur les Bucquoy. Quant à la situation actuelle des archives de Soissons, je me borne à la dénoncer aux paléographes, — si la France est assez riche pour payer l’examen des souvenirs de son histoire, je serai heureux d’avoir donné cette indication.

Je vous parlerais bien encore de la grande foire qui avait lieu en ce moment-là dans la ville, — du théâtre, où l’on jouait Lucrèce Borgia, des mœurs locales, assez bien conservées dans ce pays situé hors du mouvement des chemins de fer, — et même de la contrariété qu’éprouvent les habitants par suite de cette situation. Ils ont espéré quelque temps être rattachés à la ligne du Nord, ce qui eût produit de fortes économies… Un personnage puissant aurait obtenu de faire passer la ligne de Strasbourg par ces bois, auxquels elle offre des débouchés, — mais ce sont là de ces exigences locales et de ces suppositions intéressées qui peuvent ne pas être de toute justice.

Le but de ma tournée est atteint maintenant. La diligence de Soissons à Reims m’a conduit à Braine. Une heure après, j’ai pu gagner Longueval, le berceau des Bucquoy. Voilà donc le séjour de la belle Angélique et le château-chef de son père, qui paraît en avoir eu autant que son aïeul, le grand-comte de Bucquoy, a pu en conquérir dans les guerres de Bohême. — Les tours sont rasées, comme à Dammartin. Cependant les souterrains existent encore. L’emplacement, qui domine le village, situé dans une gorge allongée, a été couvert de constructions depuis