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ANGÉLIQUE

chapelle. Nous montâmes à la tour. De là l’on distinguait toute la vallée, coupée d’étangs et de rivières, avec les longs espaces dénudés qu’on appelle le désert d’Ermenonville, et qui n’offrent que des grès de teinte grise, entremêlés de pins maigres et de bruyères.

Des carrières rougeâtres se dessinaient encore çà et là à travers les bois effeuillés, et ravivaient la teinte verdâtre des plaines et des forêts, — où les bouleaux blancs, les troncs tapissés de lierre et les dernières feuilles d’automne, se détachaient encore sur les masses rougeâtres des bois encadrés des teintes bleues de l’horizon.

Nous redescendîmes pour voir la chapelle ; c’est une merveille d’architecture. L’élancement des piliers et des nervures, l’ornement sobre et fin des détails, révélaient l’époque intermédiaire entre le gothique fleuri et la renaissance. Mais, une fois entrés, un admirâmes les peintures, qui m’ont semblé être de cette dernière époque.

— Vous allez voir des saintes un peu décolletées, nous dit le fils du garde. En effet, on distinguait une sorte de Gloire peinte en fresque du côté de la porte, parfaitement conservée, malgré ses couleurs pâlies, sauf la partie inférieure couverte de peintures à la détrempe, mais qu’il ne sera pas difficile de restaurer.

Les bons moines de Châalis auraient voulu supprimer quelques nudités trop voyantes du style Médicis. — En effet, tous ces anges et toutes ces saintes faisaient l’effet d’amours et de nymphes aux gorges et aux cuisses nues. L’abside de la chapelle offre dans les intervalles de ses nervures d’autres figures mieux conservées encore et du style allégorique usité postérieurement à Louis XII. — En nous retournant pour sortir, nous remarquâmes au-dessus