Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
ANGÉLIQUE

deux Annibal, dont le dernier, qui a le prénom d’Alexandre, est le même enfant qui ne voulait pas que sa sœur volât papa et maman, — puis encore deux autres garçons. — On ne parle pas de la fille.


10e LETTRE


Mon ami Sylvain. — Le château de Longueval en Soissonnais. Correspondance. — Post-scriptum.


Je ne voyage jamais dans ces contrées sans me faire accompagner d’un ami, que j’appellerai, de son petit nom, Sylvain.

C’est un nom très-commun dans cette province, le féminin est le gracieux nom de Sylvie, — illustré par un bouquet de bois de Chantilly, dans lequel allait rêver si souvent le poète Théophile de Viau.

J’ai dit à Sylvain : — Allons-nous à Chantilly ?

Il m’a répondu : — Non… tu as dit toi-même hier qu’il fallait aller à Ermenonville pour gagner de là Soissons, visiter ensuite les ruines du château de Longueval en Soissonnais, sur la limite de Champagne.

— Oui, répondis-je ; hier soir je m’étais monté la tête à propos de cette belle Angélique de Longueval, et je voulais voir le château d’où elle a été enlevée par La Corbinière, — en habits d’homme, sur un cheval.

— Es-tu sûr, du moins, que ce soit là le Longueval véritable, car il y a des Longueval et des Longueville partout… de même que des Bucquoy…

— Je n’en suis pas convaincu quant à ces derniers ; mais lis seulement ce passage du manuscrit d’Angélique :