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Voilà bien des années que la tombe s’est fermée sur l’auteur des lettres dont nous allons donner quelques extraits. Encore est-ce bien la tombe que l’on peut dire ? Le chevalier Dubourjet étant mort en 1808, pendant une traversée à Saint-Domingue, nous craignons bien qu’il n’en ait point eu d’autre que le sein bleu de l’Océan, qui n’offre pas même au mourant l’espoir d’avoir son nom gravé sur une pierre, et de sentir filtrer quelques pleurs à travers une terre bénie.

Peut-être est-ce un soin pieux d’arracher à l’oubli l’un de ces noms dont il prend possession si vite, et cependant nous avons hésité à publier des choses intimes, dont une parenté éloignée nous a transmis la possession, sans savoir si le public y prendrait autant d’intérêt que nous-même. De quoi s’agit-il, en effet ? D’un paquet de lettres écrites sur papier assez gros, qui gisaient sous le nœud d’un ruban passé au fond d’une valise d’officier de marine ; de cahiers de pensées détachées, conçues dans un