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LES APHRODITES


moi sous l’habit de femme et qu’il représente, à s’y méprendre, une fille que j’aurais la fantaisie d’entretenir ; car, aussi longtemps que je porterai des culottes, je dois garder de me faire prendre pour un de ces messieurs. (Elle montre ses manchettes.) Lorsque je reprendrai le costume de mon sexe, eh bien ! on verra ma semblable ; plus d’indécence… Qu’en dis-tu ?

La Durut. — Votre fantaisie exige tout mon intérêt, et votre générosité tous mes services. Cependant, gardez cet or : il ne peut encore m’appartenir. (Elle veut rendre la bourse.)

L’Étrangère (refusant). — Non, non, ma chère, c’est un faible à-compte pour le petit être que tu peux me destiner ; ensuite ce sera mon affaire de proposer à cet enfant un arrangement convenable. (Avec feu.) Va, cours ! mon essentielle amie ; songe que te voilà confidente de tout ce qui m’intéresse le plus au monde, et que tu es devenue l’arbitre de mes destinées. Songe que tu vois une femme brûlante, accoutumée là-bas au plus succulent régime, et qui pourtant, depuis qu’elle a mis le pied sur le vaisseau…