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LES APHRODITES


septième couple, orange : la baronne de Vaquifout[1], le chevalier de Pine-

    il n’était qu’incommodé, et avec laquelle ses supérieurs (mis dans le secret) avaient terriblement brouillé sa conscience. Mais Lucifer, sous la forme d’une blanchisseuse de rabats, vint enfin éclairer un beau jour le brûlant séminariste. Dès lors celui ci crut avoir deviné les véritables vues que la nature avait sur lui. Il quitta donc brusquement le petit collet et se jeta dans le tourbillon, avec toute la fureur à laquelle les gens passionnés sont sujets. Au bout de deux ans, on n’aperçoit chez Durengin presque plus aucune trace du théologien ni du cafard. Aphrodite depuis trois mois, les registres font foi qu’il a fait, lui seul, la besogne de quatre frères. Cet homme est mieux que mal fait, assez étoffé sans graisse, toujours riant, bon buveur et constamment en arrêt, quoiqu’il en porte un de neuf pouces cinq lignes !

  1. La baronne de Vaquifout. (On orthographie ici ce nom, pour la commodité du lecteur, comme on sait qu’il doit être prononcé. Voir plus haut.) La baronne est une superbe Allemande qui, n’en déplaise aux six autres dames, a plus de charmes qu’aucune d’elles, mais il lui manque leur pétillante vivacité. Cette femme est un modèle dans le goût de ceux dont Rubens aimait à occuper ses pinceaux. On ne vit jamais une plus belle tête. Des cheveux d’une rare longueur et épais à proportion, qui seraient plus admirés en France, si on n’y avait pas, en général, une sotte prévention contre le blond un peu vif. Celui de la baronne est justement à la dernière teinte possible avant le roux. Comme jouissance, la baronne est d’abord alarmante par sa distraite inaction ; mais bientôt on est agréablement rassuré, lorsqu’on sent que son aimant intérieur supplée à tout, et que dans ses bras on se trouve plus souvent et plus longtemps homme, qu’avec nos sauteuses en liberté. On voudrait seulement qu’elle réformât la mauvaise habitude qu’elle a de fermer ses superbes yeux dans les instants décisifs. C’est trop