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ressource ; qu’elle le prie donc de se trouver… quelque part, bien secrètement, pour conférer ensemble et déterminer le parti qu’il convient de prendre dans des conjonctures aussi fâcheuses. Si ma femme, dis-je, écrivait toutes ces choses au docteur, je pense qu’il donnerait, tête baissée, dans le panneau. Il serait enchanté de voir que sa pénitente aurait pris le change, et qu’offrant d’elle-même un rendez-vous, elle ne pourrait s’en tirer sans payer de ses faveurs ces conseils dont elle paraîtrait avoir un besoin si pressant. — L’idée fut généralement applaudie. — Il faut, ma chère, ajouta Sylvino, que tu nous secondes bien dans tout ceci ; tu es la plus intéressée à te venger de l’odieux Béatin. Quand nous le tiendrons… nous faisons notre affaire du reste. — Je vous le livre, répondit-elle ; périssent à jamais tous ces exécrables cafards ; me voilà corrigée pour la vie de leur accorder la moindre confiance. Que j’étais malheureuse ! mais c’est bien ma faute. Qu’avais-je besoin, ici, de me donner un tyran qui désapprouve jusqu’aux plus innocents plaisirs ! Et quel monstre avais-je précisément choisi ! — N’y pense plus, dit en l’embrassant le sensible Sylvino ; que ceci te rende plus sage à l’avenir.

Le projet d’écrire à Béatin fut exécuté sur-le-champ. Le ressentiment de Sylvina était fondé : le désir de se venger qui inspire toujours si bien les femmes, lui dicta des expressions si naturelles, si séduisantes, que le plus rusé porte-calotte n’eût pu soupçonner qu’elles cachaient un piège. Béatin se prit comme un sot à celui-ci.

On le priait de se trouver au pont-tournant, pour être conduit de là, par ma tante elle-même, à Chaillot, où nous avions une petite maison ; il accepta… Sa réponse était si passionnée qu’on le voyait assuré d’avance que Sylvina allait enfin le rendre heureux.

Elle fut exacte et trouva l’heureux Béatin à l’endroit indiqué. Il était en habit de campagne ; frais rasé, un peu mieux coiffé que de coutume ; car il n’était pas de ces ecclésiastiques élégants qui souvent plus recherchés dans leur ajustement que les gens du monde n’en diffèrent que par